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Ce dernier livre[1] de Cécile Vaissié apporte bien des réponses aux questions sur la stratégie et la tactique du Kremlin en France, et sur les ressorts de ses menées dans l’Union européenne.
Si, pour nombre de Français, cet ouvrage sérieux et captivant est une découverte stupéfiante, elle confirme une longue pratique de Moscou, partiellement décrite par d’autres auteurs. Un livre aussi éclairant qu’utile, puisqu’il fait réfléchir, par là même, sur le développement de notre vieux monde industriel.
Transcription[2] de l’excellent entretien, sur France inter, de Nicolas Demorand avec l’auteur.
[i] Cécile Vaissié, « LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE », 17 mars 2016, Editions Les Petits Matins.
[ii] Ma transcription (de l’émission de France inter « Un jour dans le monde », 16 mars 2016) est libérée de quelques courts passages insignifiants, ou répétitions, dont la suppression est mentionnée par : (…) – ZW.
LES RÉSEAUX DU KREMLIN EN FRANCE de Cécile Vaissié
Nicolas Demorand : « Un livre [qui] se lit comme un roman policier (…), un très gros travail sur l’information, sur la manipulation de l’information ».
Côté russe, on retrouve beaucoup de monde de l’ex-KGB.
Dans cette ère post-soviétique, la puissance de cet ex-KGB est intacte… ou sa structure intellectuelle et ses réseaux…
Cécile Vaissié : seulement aujourd’hui une grande partie de ces oligarques se sont alliés à la pègre et se sont considérablement enrichis.
Nicolas Demorand : comment décrire le logiciel d’influence du KGB à l’époque de la guerre froide : financements de groupes intellectuels, de chercheurs…?
Cécile Vaissié : on retrouve des pratiques similaires, dès 1918, alors que la Russie est en pleine déconfiture, qu’il n’y a pas d’argent, qu’une guerre civile s’amorce…, mais on commence déjà à financer des gens à l’extérieur pour répandre la révolution dans le monde. Ces réseaux, essentiellement du Komintern ont fonctionné très bien jusqu’au moment où le Komintern a été dissout, on a retrouvé des financements en France (les archives soviétiques ont été ouvertes brièvement en 1991-92 sur les sujets sensibles),
le Parti communiste français (PCF) a été financé en permanence par le Parti communiste soviétique.
Nicolas Demorand : directement par Moscou ?
Cécile Vaissié : directement par Moscou, comme quasiment tous les partis communistes. Le PCF nous disait qu’il vivait grâce au muguet, mais pourquoi il a dû vendre son siège, pourquoi il est en déconfiture ? Eh bien parce qu’il n’est plus financé par Moscou !
Les intellectuels, on leur disait « on ne peut pas vous payer vos droits d’auteurs, sauf si vous venez en Russie » … Les déplacements, les traducteurs de Sartre, tout était payé de A à Z.
Nicolas Demorand : comment décrirez-vous le « soft power » russe d’aujourd’hui - le jeu d’influence par rapport à la puissance militaire ou à la diplomatie classique ?
Cécile Vaissié : le « soft power » est quelque chose qu’essaient de développer l’ensemble des pays (Institut Goethe…). Les Etats-Unis sont ceux qui ont développé le plus leur « soft-power ».
Le problème est que la Russie veut faire comme les États-Unis, puisqu’elle se compare toujours à eux, sauf que les États-Unis ont donné envie d’aller aux États-Unis, de faire ses études aux États-Unis, de visiter la Californie aussi grâce à des films.
Or la Russie n’a pas ça ! Son cinéma n’a malheureusement pas grand-chose qui pourrait intéresser à l’extérieur, voire même à l’intérieur, il y a plein de séries qui se font en Russie mais elles sont inexportables. Elle ne conçoit pas de jeux, elle n’exporte pas de chanteurs, on sent qu’elle voudrait, mais cela ne marche pas.
Nicolas Demorand : donc, le « soft-power » à l’américaine ne marche pas. Du coup, il faut en trouver un autre…
Cécile Vaissié : la Russie veut imposer sa vision des choses, par exemple : sur la 1ère chaîne russe, et ensuite sur tous les media, et, comme à l’époque soviétique, dans les langues étrangères, la vision du Kremlin.
Spoutnik, Russia To-Day, une ex-chaîne par internet qui dépendait de la Voix de la Russie, qui avait été confiée à des gens du Front national, et qui diffusait justement ce message du Kremlin - sur tous ces media-là, on va annoncer qu’un enfant de 3 ans a été crucifié dans le Donbass par des Ukrainiens parce qu’il venait d’une famille russophone : quand vous entendez cette histoire, vous êtes littéralement pétrifié d’horreur ! Où en arrive-t-on ?
Sauf que des journalistes russes d’opposition ont fait une enquête, et ont démontré :
- qu’il n’y avait jamais eu d’enfant de 3 ans crucifié,
- soi-disant qu’il l’avait été devant tout son village - ils n’ont jamais retrouvé une personne ayant été témoin,
- que la mère n’était pas la mère,
- que l’enfant n’existait pas,
- que tout est faux de A à Z, et de Z à A.
On n’est plus dans le « on veut vous convaincre qu’on a raison », ce qui serait légitime, on veut créer une autre réalité pour impressionner les gens et les mettre de son côté.
Nicolas Demorand : et ce que vous montrez, Cécile Vaissié, c’est le rôle crucial, même à l’heure d’internet, de la propagande, dans le sens le plus strict et le plus pré-soviétique de la propagande… Il y a un très grand travail sur la manipulation…
Cécile Vaissié : Absolument ! Mais il faut être clair, quand on regarde ce qui se passe actuellement en Russie : c’est un échec économique absolu et complet.
Je voyais hier, la Russie représente 1/7ème des territoires du monde, et 1,5 de l’économie mondiale. Alors qu’elle a des ressources à ne plus savoir qu’en faire, et qu’elle a une population dans l’ensemble bien éduquée, les gens qui sont au pouvoir, et ils le disent, l’économie - ils n’en ont rien à faire, et ce n’est pas dans leur logiciel - ce n’est pas associé à l’idée de puissance, à l’idée de réussite.
Leur notion de la puissance, c’est d’abord la taille du territoire, éventuellement la conquête des territoires, et de pouvoir influer sur les autres pays.
Et influer, c’est la propagande, qui était le point fort du KGB. Eh bien ces gens font ce qu’ils ont appris à faire. Dans leur logique, je vois très bien ce que monsieur Poutine a dans ses logiciels : c’est ce qu’on lui a appris quand il avait 20 ans au KGB de Leningrad,
Nicolas Demorand : Cécile Vaissié, décrivez-nous les annexes de votre livre…
Cécile Vaissié : la visite d’un certain nombre de politiques français classés par familles politiques… j’encourage toujours à aller en Russie, c’est un pays magnifique, je reçois des étudiants russes en France, j’envoie des étudiants en Russie, je suis toujours ravie qu’il y ait des échanges.
Là où ça me pose un petit problème, c’est notamment ce voyage en Crimée, ou les voyages dans le Donbass : l’Union européenne, et la France qui en fait partie, ne reconnaissent pas ce qui est une annexion illégale de la Crimée par la Russie, donc donnent un certain nombre d’instructions.
Nous avons reçu des instructions « si vous allez en Crimée, vous n’aurez pas d’assistance consulaire, si vous avez un problème, vous vous débrouillez, la France n’est plus représentée », et vous voyez des hommes politiques, toujours menés par monsieur Mariani[3], qui est vraiment très, très présent sur ce genre de choses, qui disent qui y vont, avec une hypocrisie phénoménale : « nous sommes en voyage privé » ! Mais ils sont en « voyage privé » uniquement entre députés et sénateurs, avec de grandes écharpes bleu-blanc-rouge, et disant « nous représentons la France » : il y a un problème de loyauté politique !
Nicolas Demorand : et il y a une autre annexe qui concerne le monde intellectuel et les think-tank : il y a des gens qui pensent pour la Russie, en France, et qui pensent russe, ou qui pensent Poutine, je ne sais pas comment le formuler…
Cécile Vaissié : ce sont les gens qui sont associés au dialogue franco-russe. Et ceci serait très bien. ..
La Russie, où la population est en train de se paupériser de nouveau à grande vitesse, finance un certain nombre de think-tank en France, pas du tout pour défendre la diversité des points de vue.
C’est de la communication pour la Russie officielle, et on voit un certain nombre de personnalités récurrentes qui apparaissent, du côté des Russes, on voit ceux qui soutiennent systématiquement monsieur Poutine - je pense à certains cinéastes comme Pavel Lounguine - qui se retrouvent avec de très beaux budgets pour des films… que personne ne voit réellement (…).
Nicolas Demorand : oui, c’est de la propagande, ou de la communication artistique et intellectuelle en même temps…
Cécile Vaissié : et il y a quelque chose de frappant, c’est qu’en France, on n’est plus à l’époque des Aragon, des Éluard… on a très peu d’intellectuels, même d’universitaires qui soutiennent réellement le pouvoir, les autres sont beaucoup plus en retrait (…)…
Nicolas Demorand : quel retour sur investissements est attendu ?
Cécile Vaissié : ce que le Kremlin voudrait, c’est que les sanctions soient supprimées (…)
Nicolas Demorand : après l’Ukraine…
Cécile Vaissié : … après l’annexion de la Crimée par la Russie, une annexion qui est illégale, et qui n’a été validée que par les partis d’extrême droite quasi néo-nazis de l’Europe entière
Nicolas Demorand : qui reçoivent leurs enveloppes de Moscou …
Cécile Vaissié : ça a été démontré pour le Front national.
Là encore, avec cette hypocrisie phénoménale : il y avait monsieur Chauperade[4], par exemple, qui était sur place, et madame Le Pen qui disait : « Ah, mais nous n’envoyons pas de représentants officiels, donc il y est à titre privé »
Nicolas Demorand : comme d’habitude…
Cécile Vaissié : mais c’était à l’époque où il était au Front national (FN), et il doit en partie son élection au Parlement européen, à l’argent de Moscou reçu par le FN.
Actuellement, des chercheurs dans toute l’Europe travaillent sur les financements, on a des suspicions très fortes sur un certain nombre de partis; un chercheur ukrainien, que je cite beaucoup, a démontré que de l’argent a été donné à l’extrême-extrême droite - Marine Le Pen, à côté, est une jeune gauchiste - dans les pays scandinaves.
Donc, oui, il y a actuellement une manipulation de l’extrême droite dans toute l’Europe, notamment de ce parti AFD en Allemagne (Alternative für Deutschland - ZW). Et le but est d’obtenir des décisions politiques allant dans le sens de la Russie. On commence par la suppression des sanctions, et éventuellement une mise à mal de l’Union européenne.
Nicolas Demorand : un vrai polar ! Je le redis, un roman d’espionnage :
Cécile Vaissié, LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE, Editions Les Petits Matins. Merci, Cécile Vaissié !
[1] Cécile Vaissié, « LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE », 17 mars 2016, Editions Les Petits Matins.
[2] Ma transcription (de l’émission de France inter « Un jour dans le monde », 16 mars 2016) est libérée de quelques courts passages insignifiants, ou répétitions, dont la suppression est mentionnée par : (…) – ZW.
[3] Thierry Mariani, député Les Républicains (LR) des Français de l’étranger.
[4] Aymeric Chauprade, député non-inscrit au Parlement européen, Les Français libres. Il a quitté le Front National pour des divergences de vue qui ne concernent pas les relations avec la Russie – ZW.
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Les réseaux du Kremlin en France - Cécile Vaissié
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Ce dernier livre[1] de Cécile Vaissié apporte bien des réponses aux questions sur la stratégie et la tactique du Kremlin en France, et sur les ressorts de ses menées dans l’Union européenne.
Si, pour nombre de Français, cet ouvrage sérieux et captivant est une découverte stupéfiante, elle confirme une longue pratique de Moscou, partiellement décrite par d’autres auteurs. Un livre aussi éclairant qu’utile, puisqu’il fait réfléchir, par là même, sur le développement de notre vieux monde industriel.
Transcription[2] de l’excellent entretien, sur France inter, de Nicolas Demorand avec l’auteur.
[i] Cécile Vaissié, « LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE », 17 mars 2016, Editions Les Petits Matins.
[ii] Ma transcription (de l’émission de France inter « Un jour dans le monde », 16 mars 2016) est libérée de quelques courts passages insignifiants, ou répétitions, dont la suppression est mentionnée par : (…) – ZW.
cecilevaissielesreseauxdukremlinenfrance.jpg
LES RÉSEAUX DU KREMLIN EN FRANCE de Cécile Vaissié
Nicolas Demorand : « Un livre [qui] se lit comme un roman policier (…), un très gros travail sur l’information, sur la manipulation de l’information ».
Côté russe, on retrouve beaucoup de monde de l’ex-KGB.
Dans cette ère post-soviétique, la puissance de cet ex-KGB est intacte… ou sa structure intellectuelle et ses réseaux…
Cécile Vaissié : seulement aujourd’hui une grande partie de ces oligarques se sont alliés à la pègre et se sont considérablement enrichis.
Nicolas Demorand : comment décrire le logiciel d’influence du KGB à l’époque de la guerre froide : financements de groupes intellectuels, de chercheurs…?
Cécile Vaissié : on retrouve des pratiques similaires, dès 1918, alors que la Russie est en pleine déconfiture, qu’il n’y a pas d’argent, qu’une guerre civile s’amorce…, mais on commence déjà à financer des gens à l’extérieur pour répandre la révolution dans le monde. Ces réseaux, essentiellement du Komintern ont fonctionné très bien jusqu’au moment où le Komintern a été dissout, on a retrouvé des financements en France (les archives soviétiques ont été ouvertes brièvement en 1991-92 sur les sujets sensibles),
le Parti communiste français (PCF) a été financé en permanence par le Parti communiste soviétique.
Nicolas Demorand : directement par Moscou ?
Cécile Vaissié : directement par Moscou, comme quasiment tous les partis communistes. Le PCF nous disait qu’il vivait grâce au muguet, mais pourquoi il a dû vendre son siège, pourquoi il est en déconfiture ? Eh bien parce qu’il n’est plus financé par Moscou !
Les intellectuels, on leur disait « on ne peut pas vous payer vos droits d’auteurs, sauf si vous venez en Russie » … Les déplacements, les traducteurs de Sartre, tout était payé de A à Z.
Nicolas Demorand : comment décrirez-vous le « soft power » russe d’aujourd’hui - le jeu d’influence par rapport à la puissance militaire ou à la diplomatie classique ?
Cécile Vaissié : le « soft power » est quelque chose qu’essaient de développer l’ensemble des pays (Institut Goethe…). Les Etats-Unis sont ceux qui ont développé le plus leur « soft-power ».
Le problème est que la Russie veut faire comme les États-Unis, puisqu’elle se compare toujours à eux, sauf que les États-Unis ont donné envie d’aller aux États-Unis, de faire ses études aux États-Unis, de visiter la Californie aussi grâce à des films.
Or la Russie n’a pas ça ! Son cinéma n’a malheureusement pas grand-chose qui pourrait intéresser à l’extérieur, voire même à l’intérieur, il y a plein de séries qui se font en Russie mais elles sont inexportables. Elle ne conçoit pas de jeux, elle n’exporte pas de chanteurs, on sent qu’elle voudrait, mais cela ne marche pas.
Nicolas Demorand : donc, le « soft-power » à l’américaine ne marche pas. Du coup, il faut en trouver un autre…
Cécile Vaissié : la Russie veut imposer sa vision des choses, par exemple : sur la 1ère chaîne russe, et ensuite sur tous les media, et, comme à l’époque soviétique, dans les langues étrangères, la vision du Kremlin.
Spoutnik, Russia To-Day, une ex-chaîne par internet qui dépendait de la Voix de la Russie, qui avait été confiée à des gens du Front national, et qui diffusait justement ce message du Kremlin - sur tous ces media-là, on va annoncer qu’un enfant de 3 ans a été crucifié dans le Donbass par des Ukrainiens parce qu’il venait d’une famille russophone : quand vous entendez cette histoire, vous êtes littéralement pétrifié d’horreur ! Où en arrive-t-on ?
Sauf que des journalistes russes d’opposition ont fait une enquête, et ont démontré :
- qu’il n’y avait jamais eu d’enfant de 3 ans crucifié,
- soi-disant qu’il l’avait été devant tout son village - ils n’ont jamais retrouvé une personne ayant été témoin,
- que la mère n’était pas la mère,
- que l’enfant n’existait pas,
- que tout est faux de A à Z, et de Z à A.
On n’est plus dans le « on veut vous convaincre qu’on a raison », ce qui serait légitime, on veut créer une autre réalité pour impressionner les gens et les mettre de son côté.
Nicolas Demorand : et ce que vous montrez, Cécile Vaissié, c’est le rôle crucial, même à l’heure d’internet, de la propagande, dans le sens le plus strict et le plus pré-soviétique de la propagande… Il y a un très grand travail sur la manipulation…
Cécile Vaissié : Absolument ! Mais il faut être clair, quand on regarde ce qui se passe actuellement en Russie : c’est un échec économique absolu et complet.
Je voyais hier, la Russie représente 1/7ème des territoires du monde, et 1,5 de l’économie mondiale. Alors qu’elle a des ressources à ne plus savoir qu’en faire, et qu’elle a une population dans l’ensemble bien éduquée, les gens qui sont au pouvoir, et ils le disent, l’économie - ils n’en ont rien à faire, et ce n’est pas dans leur logiciel - ce n’est pas associé à l’idée de puissance, à l’idée de réussite.
Leur notion de la puissance, c’est d’abord la taille du territoire, éventuellement la conquête des territoires, et de pouvoir influer sur les autres pays.
Et influer, c’est la propagande, qui était le point fort du KGB. Eh bien ces gens font ce qu’ils ont appris à faire. Dans leur logique, je vois très bien ce que monsieur Poutine a dans ses logiciels : c’est ce qu’on lui a appris quand il avait 20 ans au KGB de Leningrad,
Nicolas Demorand : Cécile Vaissié, décrivez-nous les annexes de votre livre…
Cécile Vaissié : la visite d’un certain nombre de politiques français classés par familles politiques… j’encourage toujours à aller en Russie, c’est un pays magnifique, je reçois des étudiants russes en France, j’envoie des étudiants en Russie, je suis toujours ravie qu’il y ait des échanges.
Là où ça me pose un petit problème, c’est notamment ce voyage en Crimée, ou les voyages dans le Donbass : l’Union européenne, et la France qui en fait partie, ne reconnaissent pas ce qui est une annexion illégale de la Crimée par la Russie, donc donnent un certain nombre d’instructions.
Nous avons reçu des instructions « si vous allez en Crimée, vous n’aurez pas d’assistance consulaire, si vous avez un problème, vous vous débrouillez, la France n’est plus représentée », et vous voyez des hommes politiques, toujours menés par monsieur Mariani[3], qui est vraiment très, très présent sur ce genre de choses, qui disent qui y vont, avec une hypocrisie phénoménale : « nous sommes en voyage privé » ! Mais ils sont en « voyage privé » uniquement entre députés et sénateurs, avec de grandes écharpes bleu-blanc-rouge, et disant « nous représentons la France » : il y a un problème de loyauté politique !
Nicolas Demorand : et il y a une autre annexe qui concerne le monde intellectuel et les think-tank : il y a des gens qui pensent pour la Russie, en France, et qui pensent russe, ou qui pensent Poutine, je ne sais pas comment le formuler…
Cécile Vaissié : ce sont les gens qui sont associés au dialogue franco-russe. Et ceci serait très bien. ..
La Russie, où la population est en train de se paupériser de nouveau à grande vitesse, finance un certain nombre de think-tank en France, pas du tout pour défendre la diversité des points de vue.
C’est de la communication pour la Russie officielle, et on voit un certain nombre de personnalités récurrentes qui apparaissent, du côté des Russes, on voit ceux qui soutiennent systématiquement monsieur Poutine - je pense à certains cinéastes comme Pavel Lounguine - qui se retrouvent avec de très beaux budgets pour des films… que personne ne voit réellement (…).
Nicolas Demorand : oui, c’est de la propagande, ou de la communication artistique et intellectuelle en même temps…
Cécile Vaissié : et il y a quelque chose de frappant, c’est qu’en France, on n’est plus à l’époque des Aragon, des Éluard… on a très peu d’intellectuels, même d’universitaires qui soutiennent réellement le pouvoir, les autres sont beaucoup plus en retrait (…)…
Nicolas Demorand : quel retour sur investissements est attendu ?
Cécile Vaissié : ce que le Kremlin voudrait, c’est que les sanctions soient supprimées (…)
Nicolas Demorand : après l’Ukraine…
Cécile Vaissié : … après l’annexion de la Crimée par la Russie, une annexion qui est illégale, et qui n’a été validée que par les partis d’extrême droite quasi néo-nazis de l’Europe entière
Nicolas Demorand : qui reçoivent leurs enveloppes de Moscou …
Cécile Vaissié : ça a été démontré pour le Front national.
Là encore, avec cette hypocrisie phénoménale : il y avait monsieur Chauperade[4], par exemple, qui était sur place, et madame Le Pen qui disait : « Ah, mais nous n’envoyons pas de représentants officiels, donc il y est à titre privé »
Nicolas Demorand : comme d’habitude…
Cécile Vaissié : mais c’était à l’époque où il était au Front national (FN), et il doit en partie son élection au Parlement européen, à l’argent de Moscou reçu par le FN.
Actuellement, des chercheurs dans toute l’Europe travaillent sur les financements, on a des suspicions très fortes sur un certain nombre de partis; un chercheur ukrainien, que je cite beaucoup, a démontré que de l’argent a été donné à l’extrême-extrême droite - Marine Le Pen, à côté, est une jeune gauchiste - dans les pays scandinaves.
Donc, oui, il y a actuellement une manipulation de l’extrême droite dans toute l’Europe, notamment de ce parti AFD en Allemagne (Alternative für Deutschland - ZW). Et le but est d’obtenir des décisions politiques allant dans le sens de la Russie. On commence par la suppression des sanctions, et éventuellement une mise à mal de l’Union européenne.
Nicolas Demorand : un vrai polar ! Je le redis, un roman d’espionnage :
Cécile Vaissié, LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE, Editions Les Petits Matins. Merci, Cécile Vaissié !
[1] Cécile Vaissié, « LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE », 17 mars 2016, Editions Les Petits Matins.
[2] Ma transcription (de l’émission de France inter « Un jour dans le monde », 16 mars 2016) est libérée de quelques courts passages insignifiants, ou répétitions, dont la suppression est mentionnée par : (…) – ZW.
[3] Thierry Mariani, député Les Républicains (LR) des Français de l’étranger.
[4] Aymeric Chauprade, député non-inscrit au Parlement européen, Les Français libres. Il a quitté le Front National pour des divergences de vue qui ne concernent pas les relations avec la Russie – ZW.
Zirka Witochynska [email protected]
Le livre « LES RESEAUX DU KREMLIN EN FRANCE », de Cécile Vaissié, fait un pas de plus vers la transparence.
Le vieux monde industriel s’épuise, vive la civilisation du Mijmoria - transparente et libre !
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