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Le bilan très mitigé de Vladimir Poutine sur l'Ukraine et la Syrie

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Pour le géopolitologue Jean-Sylvestre Mongrenier, les décisions prises par le président russe ne lui confèrent en rien le contrôle du conflit syrien, moins encore un quelconque leadership régional.

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Jean-Sylvestre Mongrenier, Chercheur associé à l’Institut Thomas More
Jean-Sylvestre Mongrenier, Chercheur associé à l’Institut Thomas More

En novembre 2015, Forbes plaçait Poutine, pour la troisième année consécutive, au sommet du classement mondial des personnalités les plus puissantes. Selon le magazine américain,  « Vladimir Poutine continue à prouver qu’il est l’une des rares personnes dans le monde qui puisse se permettre de faire ce qu’il veut ». Et Forbes de justifier son choix en arguant du Donbass et de la Crimée, de l’engagement militaire en Syrie et du niveau de popularité du président russe à l’intérieur de son pays. Prompts à confondre jugement de fait et jugement de valeur, les thuriféraires de Poutine voient en ce classement « made in USA » une forme de consécration. Ils usent et abusent de formules sur le président russe, campé en judoka hors pair et joueur d’échecs émérite, voire en nouveau tsar. Si l’on considère la situation ukrainienne et le théâtre syro-irakien, le bilan de Poutine est mitigé et les perspectives sont incertaines.  

L’Ukraine demeure libre et souveraine

La prise de la Crimée et son rattachement manu militari à la Russie, le 18 mars 2014, et le déclenchement dans les jours qui suivirent d’une « guerre hybride » au Donbass (Ukraine orientale), ont été présentés, par les inconditionnels de Poutine, comme un coup de maître.  Indéniablement, le président russe a surpris ses homologues occidentaux. Là où ces derniers pensaient se livrer à une compétition stratégique plus ou moins encadrée par des règles de droit et limitée en intensité, Poutine a eu recours aux armes et il a violé les frontières d’un Etat souverain, pleinement reconnu sur le plan international. Une fois annexée la Crimée, il a entrepris de la transformer en un bastion stratégique méridional et une plate-forme de projection de forces et de puissance, dans le bassin pontico-méditerranéen et vers le Moyen-Orient. Ce révisionnisme géopolitique en acte est gros de menaces sur l’« Europe une et libre ».

Il reste que la Crimée devait être le point de départ de l’éclatement de l’Ukraine. Déclenchée par des troupes spéciales russes et des milices équipées de pied en cap par Moscou, la guerre au Donbass était censée faire basculer la partie est de l’Ukraine vers la Russie. Il n’en est fut pas ainsi. Malgré l’intervention directe des troupes russes, en août 2014, seul le tiers du Donbass est passé sous le contrôle de Moscou et des groupes paramilitaires dits « pro-russes ». Les combats menés par les soldats ukrainiens, la constitution d’un front diplomatique occidental, pour soutenir Kiev, et la mise en œuvre de sanctions internationales, venues amplifier les conséquences du contre-choc pétrolier sur l’économie russe, ont contrarié le projet de « Novorossiya » (« Nouvelle Russie »). Sans l’Ukraine, la Russie est moins européenne et plus asiatique.

Les accords de Kiev (septembre 2014-février 2015) permettent à Poutine de gagner du temps et de consolider ses gains, tout en misant sur la lassitude des Ukrainiens, mais la partie géopolitique n’est pas jouée. D’une part, la Crimée coûte cher à la Russie, alors que la manne des pétro-dollars s’épuise (le baril est au plus bas) ; d’autre part, les Ukrainiens, longtemps partagés sur l’attitude à tenir vis-à-vis de la Russie, font bloc et regardent vers l’Occident. Depuis le 1er janvier 2016, l’accord de libre-échange et d’association avec l’Union européenne est en vigueur, et Kiev renforce sa coopération politico-militaire avec l’OTAN. En représailles, Moscou ferme son marché aux produits ukrainiens et suspend ses livraisons énergétiques, ce qui accélère encore le retournement géopolitique de Kiev. Au total, Poutine a perdu l’Ukraine, pierre angulaire de son projet d’Union eurasienne, censé regrouper l’« étranger proche » (l’ex-URSS). Pour inverser le cours des choses, il faudrait une grande guerre ou un brusque effondrement de l’Etat ukrainien.

Incertitudes et menaces au Moyen-Orient

Si l’on en croit la propagande, Poutine aurait militairement engagé la Russie au Levant pour pallier l’indétermination et les insuffisances de la coalition américano-occidentale, flanquée d’Etats arabes sunnites, mise sur pied afin de combattre l’« Etat islamique ». Vainqueur du djihadisme en Tchétchénie, le président russe serait le plus à même d’en finir avec ce prétendu califat, sans états d’âme et inutiles distinctions entre les différents groupes rebelles. Au vrai, on ne connaît  pas les déterminants ultimes de la décision prise par Poutine. Bloqué dans ses ambitions en Ukraine, voulait-il ouvrir un front périphérique dans une nouvelle guerre froide qui s’étendrait désormais au Moyen-Orient? Certains expliquent que Poutine, mal conseillé en Ukraine, chercherait à forger une alliance avec l’Occident, en menant un combat commun contre le djihadisme. D’autres y voient l’intention de diviser les Occidentaux, d’obtenir des concessions en Ukraine et de faire lever les sanctions.

L’envoi d’un corps expéditionnaire dans le Nord-Ouest de la Syrie, la protection accordée à Bachar Al-Assad et l’alliance renforcée avec le régime de Damas révèlent des objectifs plus limités que ceux mis en avant par la propagande. Les efforts déployés l’été dernier par Poutine, dans le prolongement des sommets du BRICS et de l’Organisation de Coopération de Shanghai (Oufa, 8-10 juillet 2015), n’ont abouti ni à la mise sur pied d’une coalition régionale autour de la Russie, ni à un semblant de transition politique, avec des représentants de l’« opposition civile » choisis par Moscou. En cela, l’engagement militaire sanctionne l’échec de la diplomatie ; Assad et le régime de Damas sont les seuls garants politiques des intérêts russes. Malgré l’insistance mise sur l’Etat islamique, les objectifs politico-stratégiques russes sont soigneusement délimités: la sanctuarisation de Tartous et de Lattaquié, la préservation du « réduit alaouite » et le dégagement de l’axe Alep-Damas.

Certes, Moscou s’est engagé au Levant en alliance avec le régime iranien, flanqué du Hezbollah, une organisation classée comme terroriste en Europe et aux Etats-Unis. Si l’engagement militaire russe a pu aiguillonner la diplomatie américaine – les allers-retours de Kerry rappellent la diplomatie de la navette de Kissinger -, les décisions prises par Poutine ne lui confèrent en rien le contrôle du conflit, moins encore un quelconque leadershiprégional. Dans cette superposition de guerres d’envergure régionale, sur fond de rivalités géopolitiques irano-saoudiennes, l’étroite alliance nouée entre la Russie et l’Iran, avec Damas pour pivot, a l’allure d’un front russo-chiite. En retour, il a favorisé le regroupement des différents mouvements rebelles sunnites, sous la direction de l’Arabie Saoudite, et la formation d’une coalition diplomatique sunnite. La rupture des relations diplomatiques entre Riyad et Téhéran est un pas de plus vers un grand conflit sectaire entre Chiites et Sunnites, ce dont Poutine devrait s’inquiéter. Il lui faudra veiller à ne pas se laisser « aspirer » par le théâtre des opérations.

Deux fronts qui laissent dubitatif

L’examen des deux fronts sur lesquels la Russie est engagée laisse donc dubitatif l’observateur. Le verrouillage politique de la Russie et l’imposition d’une « verticale du pouvoir » assurent bien à Poutine une grande latitude d’action. De surcroît, ce néo-guébiste maîtrise le code mental de ses compatriotes, et sa « formule politique » – brutalité des moeurs, nostalgie soviétisante et culte de la derjava (la puissance pour la puissance) –, explique les sondages de popularité. Tout cela justifie le classement deForbes qui n’est en rien un brevet de vertu civique et de grandeur d’âme, ni même d’efficacité. A bien des égards, la politique étrangère de Poutine se révèle contre-performante.

La volonté de faire prévaloir la force brute sur l’influence à long terme, et de reconstituer une URSS « new-look », effraie jusqu’au Kazakhstan et en Biélorussie. Les Etats-Unis ont renoncé au « reset », les pays européens les plus complaisants à l’égard de Moscou ont mis en place les sanctions, et l’OTAN est reconditionnée pour affronter la menace russe. Quant à l’axe sino-russe, il relève de la rhétorique. Enfin, à l’époque des hauts cours du pétrole, Poutine a cédé au principe de plaisir et renforcé l’étatisation: ce mixte de capitalisme d’Etat et de national-bolchévisme entrave le renouvellement du modèle de puissance. Une question s’impose à l’esprit: Dmitri Medvedev n’aurait-il pas fait mieux?

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Вітаю, Валю, вийшло відмінно!

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Так, Зірко. І такі дрібні помилки ти можеш сама виправляти на правах редактора.

Зірка Вітошинська каже:
Можливо, замість "Захоплення Криму і його насильне («Manu militari») приєднання до Росії 18 березня 2014 року та спалахи в перші дні після цього «гібридної війни» на Донбасі (східна Україна), були представлені засліплені прибічники Путіна як дії майстра" - треба виправити на "засліпленИМИ прибічникАМИ Путіна..."?

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Дійсно, Миру, дрібні "чортики" українською можу дійсно виправити сама! :)

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